21 ème Etape : A Gudina-Campobecerros 20 Km
Ce matin le package est rapidement fait, nous avons hâte de quitter cet endroit.
Nous suivons une ligne de crête, la vue est magnifique. Notre regard s’étend à perte de vue.
C’est une région agricole, les prairies succèdent aux champs labourés. La route que nous empruntons est peu fréquentée. Les villages, isolés les uns des autres, affichent une pauvreté et un abandon certains.
Nous discutons avec animation des conditions de vie difficile pour les quelques personnes âgées qui vivent encore ici. Les jeunes sont partis à la ville pour trouver du travail et une vie moins rude.
A notre plus grande surprise, à Venda de Capela, nous découvrons une gare.
C’est réellement incongru dans ce paysage magnifique, mais qui semble abandonné des hommes.
Plus loin, dans le village de Venda Bolano, l’eau de la fontaine rafraîchissante nous attire pour une halte réparatrice. Une grand-mère vient vers nous. Elle nous raconte sa vie et son village. Ils sont à présent seulement cinq habitants dans le village. Son fils s’occupe de la propriété, ils ont un troupeau de chèvres et de moutons. Tous les habitants sont partis, elle est donc ravie que le Camino passe par-là. Elle guette les pèlerins pour partager un bout de conversation. Sa mobilité est réduite par le poids des ans, mais son œil est luisant de contentement.
Grâce à Molina, elle va vivre un grand moment.
Molina souhaite une photo de nous trois sur le bord de la fontaine et notre interlocutrice est chargée de faire la photo. Elle nous explique qu’elle n’a jamais pris de photo. C’est avec beaucoup de fierté qu’elle endosse cette responsabilité, écoutant avec application les instructions qui lui sont données. Sur combien de pellicules sont visage façonné par l’age apparaît-il ?
Les pèlerins du nouvel age capturent le Camino à travers l’objectif de leur appareil photo.
Molina lui a offert un moment unique.
Enfin c’est elle qui maîtrise cet objet chargé d’une certaine magie.
Que lui restera t-il de cet instant fugace ?
A plusieurs reprises sur le Camino, j’ai eu le sentiment que mes rencontres animaient le quotidien de mes interlocuteurs. A cet instant, je sais que nous serons le sujet de conversation ce soir autour de la table du dîner. En fait pas exactement, car des pèlerins, elle en a vu passer. Elle n’est certainement pas étonnée de voir trois pèlerines de nationalités différentes marcher ensemble.
Mais s’être vu confier la responsabilité de prendre une photographie, voilà un événement !
Je garde une grande tendresse pour cette dame qui ne nous a pas laissées partir avant de nous avoir bénies.
Le paysage à la sortie du village est somptueux. Nos estomacs crient famine. La cigale n’étant pas notre voisine, nous sortons un pique nique royal de nos sacs. Ce matin nous avons chargé quelques denrées supplémentaires dans l’espoir d’en faire bénéficier Hans. Il débouche au détour du chemin de façon très opportune, mais malgré nos différentes techniques d’approche, impossible de lui faire partager un œuf dur avec nous.
Il repart content d’avoir croisé notre chemin, mais l’estomac vide. Evonne vient de m’enseigner une leçon de vie. Son tact et sa gentillesse, contrairement à mon insistance, ont permis à notre ami de poursuivre sa route telle qu’il l’entendait.
L’ingérence dans la vie des autres, même si elle est pavée de bonnes intentions, est souvent inopportune.
Le soleil projette ses rayons de toute sa puissance. Je m’abrite derrière mon chèche, ma peau n’est pas suffisamment burinée pour résister à ses assauts.
Mes compagnes, au contraire, boivent le soleil par tous les pores de leur peau. Maintenant, je saisis mieux l’envie inconditionnelle de soleil, de nos voisins européens qui ne bénéficient pas du même ensoleillement que nous. Je suis fascinée par la joie qu’elles éprouvent à se dorer la pilule !
J’échange avec Evonne de la musique. Pendant qu’elle savoure quelques notes de Luar Na Lubre, je découvre Loorena Mc kennit. Un délice pour les oreilles.
Molina contemple le paysage qui s’étale à nos pieds.
Chacune, absorbée dans sa vision intérieure, vit un pur moment de bonheur.
Il faut bien reprendre le Camino, mais nous quittons cet endroit avec regret. La ligne de crête nous dévoile bientôt un immense lac d’eau douce. Spectaculaire, magnifique, le bleu profond contraste avec le vert tendre des prairies.
Le printemps nous offre toute une palette de couleurs, les fleurs sauvages débordent de vie, leurs teintes sont intenses.
Une dernière descente et nous sommes à Campobecerros. Evonne galope comme une chèvre, nous sommes beaucoup plus modérées. Le genou de Molina est douloureux et mes genoux n’aiment décidément pas les descentes.
A l’entrée du village, nous découvrons l’église. Saint Jacques veille au-dessus de la porte.
Les ruelles serpentent jusqu’à notre hôtel.
Comme précisé la veille ils n’ont pas de chambre à 3 lits.
Hans me propose de partager la sienne pour la nuit.
En fait, je cède mon lit à un hollandais arrivé tardivement. Il ne reste plus de chambre et le prochain village est encore à 4 km. Mon carré mat fera l’affaire pour cette nuit, je dormirais par terre.
Avant la tombée du jour, le village s’anime.
J’assiste au défilé des vaches, chèvres, brebis qui retournent à leur pâture.
Les chiens s’affairent à leur tâche : faire avancer les récalcitrantes.
Les propriétaires se retrouvent et échangent les nouvelles. Le joyeux tintamarre avance dans une folle sarabande. Après cet épisode de vie intense, le village retourne à son état de somnolence.
Dans ces ruelles étroites et silencieuses un bruit de voix attire mon attention. Un camion arrêté au milieu du village bloque le passage. Les portes arrière sont largement ouvertes, les ménagères du coin font leurs emplettes. Yaourts, fruits, charcuterie, lessive, tout est là pour satisfaire la clientèle.
Je m’approche aussi discrètement que possible, mais voilà, je suis une pèlerine. Tout le monde me cède sa place et me voilà au premier rang. J’utilise mon plus bel accent espagnol pour demander quelques cerises et du chorizo. La réponse cordiale me revient dans un français impeccable. Cette jeune femme qui a vécu en France, elle est revenue s’installer dans la région d’origine de sa famille. Avec un camion et beaucoup de travail, ce jeune couple parcourt les villages pour les approvisionner en denrées essentielles.
Enfin de la jeunesse qui revient s’installer au pays !
Les premières cerises de la saison sont délicieuses. Le porte-monnaie n’est pas content, mais mon organisme est ravi de ce plaisir gustatif.
Je dîne en compagnie de Hans, du hollandais et d’une espagnole. Tout au long du repas cette dernière nous commente les plats que nous mangeons.
Nous sommes dans une région pauvre où, de tous temps, les gens ont consommé les produits dont ils disposaient. Forcément des produits de la ferme, sans farine animale, sans OGM. Donc, ce que nous avons dans nos assiettes est issu de l’agriculture et de l’élevage régional. La qualité des plats traditionnels est unanimement reconnue.
Je déguste avec attention mon repas. Il faut le reconnaître, tous les plats sont délicieux : Soupe, ragoût de cochon, "tortilla de patata".
Seule ombre au tableau mon palais de Bordelaise apprécie modérément le vin aigre du lieu.
Une surprise m’attend dans la chambre, les filles m’ont préparé un nid douillé. Installé entre leurs deux lits, mon carré mat est noyé sous des couvertures moelleuses. La nuit sera douce.
Ce matin le package est rapidement fait, nous avons hâte de quitter cet endroit.
Nous suivons une ligne de crête, la vue est magnifique. Notre regard s’étend à perte de vue.
C’est une région agricole, les prairies succèdent aux champs labourés. La route que nous empruntons est peu fréquentée. Les villages, isolés les uns des autres, affichent une pauvreté et un abandon certains.
Nous discutons avec animation des conditions de vie difficile pour les quelques personnes âgées qui vivent encore ici. Les jeunes sont partis à la ville pour trouver du travail et une vie moins rude.
A notre plus grande surprise, à Venda de Capela, nous découvrons une gare.
C’est réellement incongru dans ce paysage magnifique, mais qui semble abandonné des hommes.
Plus loin, dans le village de Venda Bolano, l’eau de la fontaine rafraîchissante nous attire pour une halte réparatrice. Une grand-mère vient vers nous. Elle nous raconte sa vie et son village. Ils sont à présent seulement cinq habitants dans le village. Son fils s’occupe de la propriété, ils ont un troupeau de chèvres et de moutons. Tous les habitants sont partis, elle est donc ravie que le Camino passe par-là. Elle guette les pèlerins pour partager un bout de conversation. Sa mobilité est réduite par le poids des ans, mais son œil est luisant de contentement.
Grâce à Molina, elle va vivre un grand moment.
Molina souhaite une photo de nous trois sur le bord de la fontaine et notre interlocutrice est chargée de faire la photo. Elle nous explique qu’elle n’a jamais pris de photo. C’est avec beaucoup de fierté qu’elle endosse cette responsabilité, écoutant avec application les instructions qui lui sont données. Sur combien de pellicules sont visage façonné par l’age apparaît-il ?
Les pèlerins du nouvel age capturent le Camino à travers l’objectif de leur appareil photo.
Molina lui a offert un moment unique.
Enfin c’est elle qui maîtrise cet objet chargé d’une certaine magie.
Que lui restera t-il de cet instant fugace ?
A plusieurs reprises sur le Camino, j’ai eu le sentiment que mes rencontres animaient le quotidien de mes interlocuteurs. A cet instant, je sais que nous serons le sujet de conversation ce soir autour de la table du dîner. En fait pas exactement, car des pèlerins, elle en a vu passer. Elle n’est certainement pas étonnée de voir trois pèlerines de nationalités différentes marcher ensemble.
Mais s’être vu confier la responsabilité de prendre une photographie, voilà un événement !
Je garde une grande tendresse pour cette dame qui ne nous a pas laissées partir avant de nous avoir bénies.
Le paysage à la sortie du village est somptueux. Nos estomacs crient famine. La cigale n’étant pas notre voisine, nous sortons un pique nique royal de nos sacs. Ce matin nous avons chargé quelques denrées supplémentaires dans l’espoir d’en faire bénéficier Hans. Il débouche au détour du chemin de façon très opportune, mais malgré nos différentes techniques d’approche, impossible de lui faire partager un œuf dur avec nous.
Il repart content d’avoir croisé notre chemin, mais l’estomac vide. Evonne vient de m’enseigner une leçon de vie. Son tact et sa gentillesse, contrairement à mon insistance, ont permis à notre ami de poursuivre sa route telle qu’il l’entendait.
L’ingérence dans la vie des autres, même si elle est pavée de bonnes intentions, est souvent inopportune.
Le soleil projette ses rayons de toute sa puissance. Je m’abrite derrière mon chèche, ma peau n’est pas suffisamment burinée pour résister à ses assauts.
Mes compagnes, au contraire, boivent le soleil par tous les pores de leur peau. Maintenant, je saisis mieux l’envie inconditionnelle de soleil, de nos voisins européens qui ne bénéficient pas du même ensoleillement que nous. Je suis fascinée par la joie qu’elles éprouvent à se dorer la pilule !
J’échange avec Evonne de la musique. Pendant qu’elle savoure quelques notes de Luar Na Lubre, je découvre Loorena Mc kennit. Un délice pour les oreilles.
Molina contemple le paysage qui s’étale à nos pieds.
Chacune, absorbée dans sa vision intérieure, vit un pur moment de bonheur.
Il faut bien reprendre le Camino, mais nous quittons cet endroit avec regret. La ligne de crête nous dévoile bientôt un immense lac d’eau douce. Spectaculaire, magnifique, le bleu profond contraste avec le vert tendre des prairies.
Le printemps nous offre toute une palette de couleurs, les fleurs sauvages débordent de vie, leurs teintes sont intenses.
Une dernière descente et nous sommes à Campobecerros. Evonne galope comme une chèvre, nous sommes beaucoup plus modérées. Le genou de Molina est douloureux et mes genoux n’aiment décidément pas les descentes.
A l’entrée du village, nous découvrons l’église. Saint Jacques veille au-dessus de la porte.
Les ruelles serpentent jusqu’à notre hôtel.
Comme précisé la veille ils n’ont pas de chambre à 3 lits.
Hans me propose de partager la sienne pour la nuit.
En fait, je cède mon lit à un hollandais arrivé tardivement. Il ne reste plus de chambre et le prochain village est encore à 4 km. Mon carré mat fera l’affaire pour cette nuit, je dormirais par terre.
Avant la tombée du jour, le village s’anime.
J’assiste au défilé des vaches, chèvres, brebis qui retournent à leur pâture.
Les chiens s’affairent à leur tâche : faire avancer les récalcitrantes.
Les propriétaires se retrouvent et échangent les nouvelles. Le joyeux tintamarre avance dans une folle sarabande. Après cet épisode de vie intense, le village retourne à son état de somnolence.
Dans ces ruelles étroites et silencieuses un bruit de voix attire mon attention. Un camion arrêté au milieu du village bloque le passage. Les portes arrière sont largement ouvertes, les ménagères du coin font leurs emplettes. Yaourts, fruits, charcuterie, lessive, tout est là pour satisfaire la clientèle.
Je m’approche aussi discrètement que possible, mais voilà, je suis une pèlerine. Tout le monde me cède sa place et me voilà au premier rang. J’utilise mon plus bel accent espagnol pour demander quelques cerises et du chorizo. La réponse cordiale me revient dans un français impeccable. Cette jeune femme qui a vécu en France, elle est revenue s’installer dans la région d’origine de sa famille. Avec un camion et beaucoup de travail, ce jeune couple parcourt les villages pour les approvisionner en denrées essentielles.
Enfin de la jeunesse qui revient s’installer au pays !
Les premières cerises de la saison sont délicieuses. Le porte-monnaie n’est pas content, mais mon organisme est ravi de ce plaisir gustatif.
Je dîne en compagnie de Hans, du hollandais et d’une espagnole. Tout au long du repas cette dernière nous commente les plats que nous mangeons.
Nous sommes dans une région pauvre où, de tous temps, les gens ont consommé les produits dont ils disposaient. Forcément des produits de la ferme, sans farine animale, sans OGM. Donc, ce que nous avons dans nos assiettes est issu de l’agriculture et de l’élevage régional. La qualité des plats traditionnels est unanimement reconnue.
Je déguste avec attention mon repas. Il faut le reconnaître, tous les plats sont délicieux : Soupe, ragoût de cochon, "tortilla de patata".
Seule ombre au tableau mon palais de Bordelaise apprécie modérément le vin aigre du lieu.
Une surprise m’attend dans la chambre, les filles m’ont préparé un nid douillé. Installé entre leurs deux lits, mon carré mat est noyé sous des couvertures moelleuses. La nuit sera douce.
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