11 ème Etape : Salamanca-Calzada de Valdunciel 20 Km
Dès 5h30 nous sommes réveillées, nous avons décidé d’un départ à 6h30.
Je repense aux pèlerins qui hier parcourraient les mêmes rues.
Nos pas résonnent le long des façades encore endormies.
Je suis heureuse de marcher avec Evonne.
Son flair incroyable nous dirige tout droit vers un café, qui, suprême luxe, nous permet de déguster un divin « Chocolate con churros ». Cette spécialité espagnole je l’attends depuis le début du Camino ! Un chocolat épais, sucré avec beaucoup de cacao, accompagné de chichis bien frais. Nous faisons le plein de calories !
Les grandes jambes d’Evonne avalent les kilomètres. Elle me devance d’un bon kilomètre.
L’espace qui nous entoure est un baume sur son cœur. La vie à Amsterdam impose à ses habitants une proximité quotidienne entre des milliers d’êtres humains. La soif d’Evonne pour les espaces « vides » est inextinguible. Elle se remplit d’espace. Le PGV (Pellerin à Grande Vitesse) Evonne fonctionne bien. Les kilomètres défilent rapidement.
Castellanos de Villequera nous accueille pour une halte « Café con Léché ». Nous sommes les seules clientes. La tenancière nous confirme qu’aujourd’hui nous sommes les premières pèlerines. Pas de doute, notre départ à l’aube et notre rythme soutenu n’ont pas permis à nos autres compagnons de nous rattraper.
Nous découvrons les ruelles brûlantes de Calzada de Valdunciel à 11h. Grâce aux indications des villageois nous trouvons rapidement l’albergue. Je pars en quête des clés qui me seront remises non pas dans la maison indiquée, mais dans le bar du coin ou le fils de notre accueillante me conduit. J’aurais du le savoir, le bar est toujours le centre de vie du village !
Munie des clés, je retourne ouvrir notre palais d’un soir.
Cette jolie petite maison construite à notre attention est confortable : un dortoir de 8 places, une salle à manger, une cuisine, deux salles d’eau (avec de l’eau chaude !), une cour attenante et des tables installées dans un jardin devant l’albergue. Merci pour ce petit coin de paradis.
Après une visite à l’épicerie du coin, nous investissons les lieux. Nos compagnons arrivent au compte goutte : Micro, Macro (mes amis Canadiens) plutôt en forme et surprise Dietrich et Ursula. Dietrich ne va pas bien, je lui prépare une manzanilla pour amadouer son estomac récalcitrant (thé à la pomme). Je ne suis pas sure de l’efficacité du remède. Mais l’attention a réconforté Dietrich.
Un couple d’allemand qui vit en suisse s’installe dans les derniers lits.
L’essai du lit superposé que je partage avec Evonne n’est pas rassurant.
La solidité du matériel n’est pas garantie, il brinquebale de droite et de gauche.
Après un examen attentif, il s’avère que les vis ne sont pas correctement vissées.
Ursula vient à mon aide en me proposant le tournevis de service, une lime à ongle métallique.
Munies de cet outil magique nous nous attelons à la réparation de l’objet. Grâce à la collaboration active de ma compagne de marche nous avons consolidé notre lit. Une nuit paisible nous est assurée.
La visite du village nous réserve une surprise. Une activité débordante règne à l’intérieur de l’église. La statue de la sainte du village est habillée soigneusement de ses plus beaux atours : robe, voile, bijoux, couronne. L’église est nettoyée et décorée pour l’occasion. Demain sera un jour de fête. Cette Sainte protège le village et les moissons, il est vital pour les générations Mayor de l’honorer comme le veut la tradition. Elle se promènera demain dans les rues du village.
Les habitants, méticuleusement, font les préparatifs. Les hommes se chargent des tâches qui nécessitent de la force, les femmes dirigent les manœuvres et prennent en main la décoration. Le résultat est à la hauteur de leurs attentes, ils sont contents.
Le prêtre tient à nous montrer toutes les richesses de son église. Avec fierté il exhibe tous les biens les plus précieux de son église : les statues, les tableaux, le calice d’argent... Il est heureux, les préparatifs de la communauté sont bien avancés et il est attentif au moindre détail. Il prend tout de même le temps d’accueillir les pèlerins qui sont de passage.
Il nous invite à l’office en fin d’après midi. Son enthousiasme est communicatif et ce sont deux pèlerines enchantées qui ressortent de l’église paroissiale.
Je découvre dans les environs un site propice à la méditation. Un petit lac flanqué d’une aire aménagée invite à la détente.
La mer de blé, secouée par le vent m’offre le spectacle des vagues qui la parcoure.
Le blé ondule au gré de rafales de vent.
Les nuages défilent dans le ciel bleu, ils valsent dans un courant aérien.
Le soleil réchauffe le blé qui diffuse son parfum.
Les cellules de ma peau sont sensibles à la caresse du vent.
Je suis vivante et en harmonie avec cette nature généreuse qui m’entoure.
Le besoin profond de partager cet instant me pousse à retourner chercher Yvonne. Elle apprécie pleinement ce spectacle. Nous sommes en harmonie avec notre environnement. C’est un moment rare, partagé dans la plénitude de l’amitié.
La faim nous pousse à retourner à l’albergue pour préparer une méga salade. Nos amis servent l’apéritif.
Une course de dernière minute me ramène vers le centre du village.
Tout à coup, derrière les brumes de l’alcool que je viens d’ingurgiter, mon esprit réalise que la messe est en cours. Je me glisse subrepticement dans le rang le plus proche de la porte. Je réalise avec un temps de retard que je suis dans le coin des hommes. Eh oui, la pèlerine que je suis n’a pas respecté la tradition qui se perpétue : les femmes devant, les hommes derrière ; de plus mon habillement n’est pas en adapté (le short et le tee shirt dénotent). Mais la communauté de prière m’accueille tout de même avec un œil bienveillant.
Nourrir mon âme est tout aussi important que nourrir mon corps sur le chemin. Certes, les rencontres quotidiennes et la présence de mes compagnons y contribuent, mais ma foi se nourrit également à travers le culte de ma religion. Je retire une grande force et de la joie dans le partage de la communion avec cette communauté de croyant. Les occasions qui me sont données sur le Camino de pratiquer mon culte sont vitales, elles me redonnent des forces.
Je retourne vers mes compagnons de marche, heureuse de l’émotion qui domine mon être. Je suis comblée, profondément reconnaissante pour cette grâce qui m’est accordée : vivre pleinement et avec un immense bonheur ce Camino.
Un nouveau pèlerin est arrivé, deux carrés mats superposés dans la salle à manger lui conviennent parfaitement.
J’utilise mes talents linguistiques pour commander un taxi.
Demain matin, à l’aube, Rejeanne, Bob, Ursula et Dietrich vont escamoter quelques kilomètres au Camino. Je suis chargée de commander un taxi. Le téléphone portable de Dietrich fonctionne à merveille et son sens de l’humour aussi.
Ses taquineries troublent ma concentration.
La tache aisée à l’origine se transforme en exploit. Je suis obligée de m’écarter pour résister à l’humour décapant de Dietrich et parvenir à accomplir la mission qu’il m’a confiée. Il va nettement mieux qu’en début d’après midi et retrouve son entrain habituel !
Dès 5h30 nous sommes réveillées, nous avons décidé d’un départ à 6h30.
Je repense aux pèlerins qui hier parcourraient les mêmes rues.
Nos pas résonnent le long des façades encore endormies.
Je suis heureuse de marcher avec Evonne.
Son flair incroyable nous dirige tout droit vers un café, qui, suprême luxe, nous permet de déguster un divin « Chocolate con churros ». Cette spécialité espagnole je l’attends depuis le début du Camino ! Un chocolat épais, sucré avec beaucoup de cacao, accompagné de chichis bien frais. Nous faisons le plein de calories !
Les grandes jambes d’Evonne avalent les kilomètres. Elle me devance d’un bon kilomètre.
L’espace qui nous entoure est un baume sur son cœur. La vie à Amsterdam impose à ses habitants une proximité quotidienne entre des milliers d’êtres humains. La soif d’Evonne pour les espaces « vides » est inextinguible. Elle se remplit d’espace. Le PGV (Pellerin à Grande Vitesse) Evonne fonctionne bien. Les kilomètres défilent rapidement.
Castellanos de Villequera nous accueille pour une halte « Café con Léché ». Nous sommes les seules clientes. La tenancière nous confirme qu’aujourd’hui nous sommes les premières pèlerines. Pas de doute, notre départ à l’aube et notre rythme soutenu n’ont pas permis à nos autres compagnons de nous rattraper.
Nous découvrons les ruelles brûlantes de Calzada de Valdunciel à 11h. Grâce aux indications des villageois nous trouvons rapidement l’albergue. Je pars en quête des clés qui me seront remises non pas dans la maison indiquée, mais dans le bar du coin ou le fils de notre accueillante me conduit. J’aurais du le savoir, le bar est toujours le centre de vie du village !
Munie des clés, je retourne ouvrir notre palais d’un soir.
Cette jolie petite maison construite à notre attention est confortable : un dortoir de 8 places, une salle à manger, une cuisine, deux salles d’eau (avec de l’eau chaude !), une cour attenante et des tables installées dans un jardin devant l’albergue. Merci pour ce petit coin de paradis.
Après une visite à l’épicerie du coin, nous investissons les lieux. Nos compagnons arrivent au compte goutte : Micro, Macro (mes amis Canadiens) plutôt en forme et surprise Dietrich et Ursula. Dietrich ne va pas bien, je lui prépare une manzanilla pour amadouer son estomac récalcitrant (thé à la pomme). Je ne suis pas sure de l’efficacité du remède. Mais l’attention a réconforté Dietrich.
Un couple d’allemand qui vit en suisse s’installe dans les derniers lits.
L’essai du lit superposé que je partage avec Evonne n’est pas rassurant.
La solidité du matériel n’est pas garantie, il brinquebale de droite et de gauche.
Après un examen attentif, il s’avère que les vis ne sont pas correctement vissées.
Ursula vient à mon aide en me proposant le tournevis de service, une lime à ongle métallique.
Munies de cet outil magique nous nous attelons à la réparation de l’objet. Grâce à la collaboration active de ma compagne de marche nous avons consolidé notre lit. Une nuit paisible nous est assurée.
La visite du village nous réserve une surprise. Une activité débordante règne à l’intérieur de l’église. La statue de la sainte du village est habillée soigneusement de ses plus beaux atours : robe, voile, bijoux, couronne. L’église est nettoyée et décorée pour l’occasion. Demain sera un jour de fête. Cette Sainte protège le village et les moissons, il est vital pour les générations Mayor de l’honorer comme le veut la tradition. Elle se promènera demain dans les rues du village.
Les habitants, méticuleusement, font les préparatifs. Les hommes se chargent des tâches qui nécessitent de la force, les femmes dirigent les manœuvres et prennent en main la décoration. Le résultat est à la hauteur de leurs attentes, ils sont contents.
Le prêtre tient à nous montrer toutes les richesses de son église. Avec fierté il exhibe tous les biens les plus précieux de son église : les statues, les tableaux, le calice d’argent... Il est heureux, les préparatifs de la communauté sont bien avancés et il est attentif au moindre détail. Il prend tout de même le temps d’accueillir les pèlerins qui sont de passage.
Il nous invite à l’office en fin d’après midi. Son enthousiasme est communicatif et ce sont deux pèlerines enchantées qui ressortent de l’église paroissiale.
Je découvre dans les environs un site propice à la méditation. Un petit lac flanqué d’une aire aménagée invite à la détente.
La mer de blé, secouée par le vent m’offre le spectacle des vagues qui la parcoure.
Le blé ondule au gré de rafales de vent.
Les nuages défilent dans le ciel bleu, ils valsent dans un courant aérien.
Le soleil réchauffe le blé qui diffuse son parfum.
Les cellules de ma peau sont sensibles à la caresse du vent.
Je suis vivante et en harmonie avec cette nature généreuse qui m’entoure.
Le besoin profond de partager cet instant me pousse à retourner chercher Yvonne. Elle apprécie pleinement ce spectacle. Nous sommes en harmonie avec notre environnement. C’est un moment rare, partagé dans la plénitude de l’amitié.
La faim nous pousse à retourner à l’albergue pour préparer une méga salade. Nos amis servent l’apéritif.
Une course de dernière minute me ramène vers le centre du village.
Tout à coup, derrière les brumes de l’alcool que je viens d’ingurgiter, mon esprit réalise que la messe est en cours. Je me glisse subrepticement dans le rang le plus proche de la porte. Je réalise avec un temps de retard que je suis dans le coin des hommes. Eh oui, la pèlerine que je suis n’a pas respecté la tradition qui se perpétue : les femmes devant, les hommes derrière ; de plus mon habillement n’est pas en adapté (le short et le tee shirt dénotent). Mais la communauté de prière m’accueille tout de même avec un œil bienveillant.
Nourrir mon âme est tout aussi important que nourrir mon corps sur le chemin. Certes, les rencontres quotidiennes et la présence de mes compagnons y contribuent, mais ma foi se nourrit également à travers le culte de ma religion. Je retire une grande force et de la joie dans le partage de la communion avec cette communauté de croyant. Les occasions qui me sont données sur le Camino de pratiquer mon culte sont vitales, elles me redonnent des forces.
Je retourne vers mes compagnons de marche, heureuse de l’émotion qui domine mon être. Je suis comblée, profondément reconnaissante pour cette grâce qui m’est accordée : vivre pleinement et avec un immense bonheur ce Camino.
Un nouveau pèlerin est arrivé, deux carrés mats superposés dans la salle à manger lui conviennent parfaitement.
J’utilise mes talents linguistiques pour commander un taxi.
Demain matin, à l’aube, Rejeanne, Bob, Ursula et Dietrich vont escamoter quelques kilomètres au Camino. Je suis chargée de commander un taxi. Le téléphone portable de Dietrich fonctionne à merveille et son sens de l’humour aussi.
Ses taquineries troublent ma concentration.
La tache aisée à l’origine se transforme en exploit. Je suis obligée de m’écarter pour résister à l’humour décapant de Dietrich et parvenir à accomplir la mission qu’il m’a confiée. Il va nettement mieux qu’en début d’après midi et retrouve son entrain habituel !
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