26 ème Etape : Ourense-Cea 19 Km
Evonne m’escorte un bout de chemin.
Nous partageons un petit déjeuner composé de « Chocolate con churros ». Elle me quitte à la hauteur de la gare ferroviaire.
J’ai choisi l’itinéraire le plus difficile car je suis à nouveau seule et je souhaite distraire mon esprit de cette solitude par la difficulté de la marche. Un passage sous un pont s’avère délicat. Le guide suggère fortement de passer l’obstacle rapidement. Les automobilistes ont l’habitude de prendre de la vitesse dans la descente et s’engouffrent sous ce pont à une allure folle. Je hâte le pas.
Ensuite j’affronte une heure de montée raide. Je lutte pour persuader mon corps résistant de mettre un pied devant l’autre sur une route qui n’en finit pas de monter. Ma stratégie, ne pas s’arrêter. En haut de la cote, un banc adossé à une maison, m’offre son ombre rafraîchissante. Pas un pèlerin à l’horizon.
La suite est un vrai bonheur : des sous bois superbes, des clairières lumineuses, des champs fleuris.
La Galice dans toute sa splendeur.
A midi je trouve un bar ou la tenancière me prépare une tortilla délicieuse. Les habitués qui viennent boire leur bière s’enquièrent de mes origines et sont étonnés de me voir cheminer seule. Ils me souhaitent un « Buen Camino » en m’expliquant que je ne suis plus très loin du but.
En ressortant je suis surprise par la chaleur, l’air est brûlant, même à l’ombre. Je trouve un coin abrité du soleil pour attendre que la température soit plus clémente. Au programme : sieste, lecture (j’ai emporté le nouveau testament), écriture, méditation, contemplation (le coin que je me suis dégotté est magnifique).
Un chêne m’abrite du soleil. Les graminées ondulent paresseusement au gré d’une brise que je ne sens pas. La forêt verdoyante qui entoure les champs dégage une odeur de résine.
La terre est silencieuse écrasée par le soleil.
En fin d’après midi j’avale rapidement les cinq derniers kilomètres. Le village de Céa m’apparaît austère. Je me précipite à la poste pour récupérer la crème miraculeuse pour les pieds, que le père d’Evonne nous a envoyé en poste restante. Evonne prévoyante m’a fait une photocopie de sa carte d’identité. Malheureusement les horaires d’ouverture se réduisent à deux heures par jour : de 10 h à 12 h. Le dilemme est grand : vais-je attendre 10h00 demain pour récupérer la crème ?
Le refuge est installé dans un ancien monastère rénové. Je retrouve les Australiens et des hollandais qui s’enquièrent de ma santé. Il est réconfortant de savoir que les pèlerins autour de moi sont attentifs à mon bien être et s’assurent que tout va bien.
Ce soir, le dortoir est masculin, je suis entourée d’une trentaine de mâles.
Les sanitaires féminins me sont donc réservés. Enfin c’est ce que je pensais. Car à ma grande surprise je me retrouve en sortant de la douche face à un espagnol qui ne doit pas savoir lire sa propre langue.
L’hospitaléro m’alpague à la sortie des sanitaires. Je lui demande poliment quelques instants pour passer une tenue plus présentable. Mais non ! Il ne peut différer d’un instant l’inscription sur le registre des admissions. C’est donc dans une tenue légère, entourée d’une dizaine d’espagnols braillards que je subis son interrogatoire. Il est ravi de son importance. Ce rustre utilise sa position pour montrer à ses compatriotes son pouvoir. Je suis extrêmement mal à l’aise.
Le groupe d’espagnols en question chemine à pieds sans sacs à dos, ils sont suivis par un van qui leur assure le transport, le manger et le boire. C’est ce même camion que j’ai aperçu plusieurs fois sur le Camino. Il a été la cause de ma seule peur sur le chemin.
J’étais seule sur le trajet jusqu’à Ourense et pas rassurée de croiser continuellement le même véhicule, à chaque intersection avec une route importante, il était là.
Un sentiment désagréable d’insécurité m’avait envahit. Heureusement mon étape à la capilla Santa Agueda m’avait permis de retrouver ma sérénité. Donc ce groupe d’une dizaine d’espagnols sillonne le Camino et utilise les refuges pour pèlerins. Dans l’immédiat cela ne me gène pas, mais il faut savoir que ce soir il ne reste que très peu de places disponibles dans l’albergue.
A chacun son chemin, mais le respect me semble essentiel.
Je visite le village.
Peter hilare me raconte qu’il est allé laver son pantalon dans le lavoir du village. Il est extatique d’avoir pu renouer avec une tradition ancestrale.
Un match de foot est retransmis à la télévision dans l’un des bars, je partage avec des écossais et l’équipe des Australiens une bière. L’ambiance est survoltée, la gente masculine rassemblée participe activement à chaque action grâce à des commentaires qui me dépassent. Le foot, ce n’est pas ma tasse de thé.
Dans la cuisine de l’albergue les Hollandais préparent à manger. Ils insistent pour que je partage avec eux ce repas. Ils font un réel effort pour que je me sente en confiance.
Jusqu’à la tombée de la nuit je discute avec les Ecossais. David a un humour décapant.
Ils sont très amusés de mon ingéniosité. Arrivée bonne dernière, j’ai fait ma lessive quotidienne. Malheureusement l’étendage de fils à linge est surchargé. J’ai donc récupéré dans mon sac ma suspente de parapente, et je me suis confectionnée un bel étendoir. Cela les a fait beaucoup fait rire de voir la petite française perchée sur un seau pour atteindre le haut du poteau.
Je m’installe pour la nuit. Je parfume d’essence d’eucalyptus mon chèche, je mets mes boules quies dans les oreilles. Mais pour mon infortune mon plus proche compagnon de nuitée ronfle tellement puissamment qu’il fait vibrer l’air ambiant. Ni une, ni deux. J’attrape mon carré mat et je descends m’installer dans un coin de la cuisine. Ce n’est pas aussi confortable qu’un lit, mais quel calme !
J’avoue avoir ressenti une pression masculine trop lourde autour de moi dans ce dortoir uniquement masculin.
Evonne m’escorte un bout de chemin.
Nous partageons un petit déjeuner composé de « Chocolate con churros ». Elle me quitte à la hauteur de la gare ferroviaire.
J’ai choisi l’itinéraire le plus difficile car je suis à nouveau seule et je souhaite distraire mon esprit de cette solitude par la difficulté de la marche. Un passage sous un pont s’avère délicat. Le guide suggère fortement de passer l’obstacle rapidement. Les automobilistes ont l’habitude de prendre de la vitesse dans la descente et s’engouffrent sous ce pont à une allure folle. Je hâte le pas.
Ensuite j’affronte une heure de montée raide. Je lutte pour persuader mon corps résistant de mettre un pied devant l’autre sur une route qui n’en finit pas de monter. Ma stratégie, ne pas s’arrêter. En haut de la cote, un banc adossé à une maison, m’offre son ombre rafraîchissante. Pas un pèlerin à l’horizon.
La suite est un vrai bonheur : des sous bois superbes, des clairières lumineuses, des champs fleuris.
La Galice dans toute sa splendeur.
A midi je trouve un bar ou la tenancière me prépare une tortilla délicieuse. Les habitués qui viennent boire leur bière s’enquièrent de mes origines et sont étonnés de me voir cheminer seule. Ils me souhaitent un « Buen Camino » en m’expliquant que je ne suis plus très loin du but.
En ressortant je suis surprise par la chaleur, l’air est brûlant, même à l’ombre. Je trouve un coin abrité du soleil pour attendre que la température soit plus clémente. Au programme : sieste, lecture (j’ai emporté le nouveau testament), écriture, méditation, contemplation (le coin que je me suis dégotté est magnifique).
Un chêne m’abrite du soleil. Les graminées ondulent paresseusement au gré d’une brise que je ne sens pas. La forêt verdoyante qui entoure les champs dégage une odeur de résine.
La terre est silencieuse écrasée par le soleil.
En fin d’après midi j’avale rapidement les cinq derniers kilomètres. Le village de Céa m’apparaît austère. Je me précipite à la poste pour récupérer la crème miraculeuse pour les pieds, que le père d’Evonne nous a envoyé en poste restante. Evonne prévoyante m’a fait une photocopie de sa carte d’identité. Malheureusement les horaires d’ouverture se réduisent à deux heures par jour : de 10 h à 12 h. Le dilemme est grand : vais-je attendre 10h00 demain pour récupérer la crème ?
Le refuge est installé dans un ancien monastère rénové. Je retrouve les Australiens et des hollandais qui s’enquièrent de ma santé. Il est réconfortant de savoir que les pèlerins autour de moi sont attentifs à mon bien être et s’assurent que tout va bien.
Ce soir, le dortoir est masculin, je suis entourée d’une trentaine de mâles.
Les sanitaires féminins me sont donc réservés. Enfin c’est ce que je pensais. Car à ma grande surprise je me retrouve en sortant de la douche face à un espagnol qui ne doit pas savoir lire sa propre langue.
L’hospitaléro m’alpague à la sortie des sanitaires. Je lui demande poliment quelques instants pour passer une tenue plus présentable. Mais non ! Il ne peut différer d’un instant l’inscription sur le registre des admissions. C’est donc dans une tenue légère, entourée d’une dizaine d’espagnols braillards que je subis son interrogatoire. Il est ravi de son importance. Ce rustre utilise sa position pour montrer à ses compatriotes son pouvoir. Je suis extrêmement mal à l’aise.
Le groupe d’espagnols en question chemine à pieds sans sacs à dos, ils sont suivis par un van qui leur assure le transport, le manger et le boire. C’est ce même camion que j’ai aperçu plusieurs fois sur le Camino. Il a été la cause de ma seule peur sur le chemin.
J’étais seule sur le trajet jusqu’à Ourense et pas rassurée de croiser continuellement le même véhicule, à chaque intersection avec une route importante, il était là.
Un sentiment désagréable d’insécurité m’avait envahit. Heureusement mon étape à la capilla Santa Agueda m’avait permis de retrouver ma sérénité. Donc ce groupe d’une dizaine d’espagnols sillonne le Camino et utilise les refuges pour pèlerins. Dans l’immédiat cela ne me gène pas, mais il faut savoir que ce soir il ne reste que très peu de places disponibles dans l’albergue.
A chacun son chemin, mais le respect me semble essentiel.
Je visite le village.
Peter hilare me raconte qu’il est allé laver son pantalon dans le lavoir du village. Il est extatique d’avoir pu renouer avec une tradition ancestrale.
Un match de foot est retransmis à la télévision dans l’un des bars, je partage avec des écossais et l’équipe des Australiens une bière. L’ambiance est survoltée, la gente masculine rassemblée participe activement à chaque action grâce à des commentaires qui me dépassent. Le foot, ce n’est pas ma tasse de thé.
Dans la cuisine de l’albergue les Hollandais préparent à manger. Ils insistent pour que je partage avec eux ce repas. Ils font un réel effort pour que je me sente en confiance.
Jusqu’à la tombée de la nuit je discute avec les Ecossais. David a un humour décapant.
Ils sont très amusés de mon ingéniosité. Arrivée bonne dernière, j’ai fait ma lessive quotidienne. Malheureusement l’étendage de fils à linge est surchargé. J’ai donc récupéré dans mon sac ma suspente de parapente, et je me suis confectionnée un bel étendoir. Cela les a fait beaucoup fait rire de voir la petite française perchée sur un seau pour atteindre le haut du poteau.
Je m’installe pour la nuit. Je parfume d’essence d’eucalyptus mon chèche, je mets mes boules quies dans les oreilles. Mais pour mon infortune mon plus proche compagnon de nuitée ronfle tellement puissamment qu’il fait vibrer l’air ambiant. Ni une, ni deux. J’attrape mon carré mat et je descends m’installer dans un coin de la cuisine. Ce n’est pas aussi confortable qu’un lit, mais quel calme !
J’avoue avoir ressenti une pression masculine trop lourde autour de moi dans ce dortoir uniquement masculin.
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