27 Mai


Monastère d’Oseira

Levée tôt, je participe à la messe chantée.
La vie monastique est réglée par les différents offices. Avant l’aube, les moines entament leur journée de prière. Elle se poursuit tout au long de la journée et ne leur laisse que peu de temps pour effectuer une autre activité. Ils participent à la vie du monastère aidés en cela par des habitants qui veillent à l’entretien des bâtiments, le ravitaillement, la cuisine, le travail des champs.


Au cours de mes nombreuses pérégrinations dans le monastère, j’ai vu un moine à genoux en train de désherber à la main entre les dalles de pierre. Une tache ardue pour un homme âgé. Le jardinier est venu lui donner quelques conseils et lui offrir son service.
Une lecture récente est venue éclairer cette scène. L’auteur expliquait que loin d’être une corvée, le nettoyage des sols, carreau par carreau, pouvait être une forme de méditation. Le travail répétitif et quelque peut pénible libère l’esprit. Au moine de choisir la direction de sa méditation.



Une de leurs tâches consiste à guider des groupes lorsque le guide mis en place à cet effet est submergé. Des cars d’enfants sont arrivés pour une visite dans le cadre de leurs activités scolaires. Certains moines parmi les plus jeunes les escortent avec un plaisir non dissimulé. L’interaction entre les enfants et ces hommes cloîtrés entre quatre murs est un bonheur.
Une émulation commune se crée. Les questions fusent. Les réponses adaptées à un jeune auditoire déclenchent parfois une cascade de rires. Un monastère c’est décidément un lieu de grande joie.

Les moines se chargent également de la partie blanchisserie. Défaire les lits des visiteurs et laver les draps est une tâche qui leur incombe. Ils ont à cet effet des machines adaptées à leur besoin. La laverie peut faire envie à la ménagère du troisième millénaire. Les moines ne vont pas au lavoir du village quotidiennement, ils utilisent avec bonheur les facilités que la modernité leur apporte. L’informatique et la communication grâce à Internet n’ont pas de secrets pour eux. La robe de bure est toujours d’actualité, mais que l’on ne si trompe pas, le monde extérieur et son évolution technologique rapide sont ici maniés de mains de maître. L’équilibre entre tradition et modernité semble parfait.

L’harmonie règne en ce lieu. La sérénité et la paix suintent des pores de la pierre. Elles imprègnent l’atmosphère et rayonnent à travers moi. L’architecture cistercienne dans sa sobriété et son équilibre parle à mon âme.

Je partage mon repas de midi avec un jeune Espagnol. Parti de Ourense pour pèleriner jusqu’à Santiago, il s’est arrêté dans ce monastère et n’a pas poussé plus loin son pèlerinage. La vie monastique l’a instantanément séduit. Il est retourné à sa vie professionnelle pour quelques temps et a profité du premier moment disponible pour revenir en ce lieu. Sa jeune existence est toute imprégnée de la magnificence de la vie monastique qui lui semble si séduisante.
Pourtant une vie bien construite l’attend. Fils d’un orfèvre reconnu, il a étudié dans ce domaine et s’apprête à rejoindre l’affaire familiale. La lumière de cette vie simple consacrée à Dieu, sans artifice et régénératrice l’appelle. Le modèle qui s’offre à ses yeux éblouis est si séduisant, qu’il est prêt à quitter dans la seconde sa vie d’entant pour embrasser la robe de bure. Il a soif de communiquer sa passion, sa résolution. Mais il est inquiet car sa vision ne colle pas avec les espérances parentales. Il cherche un réconfort que je ne peux lui apporter.

Mais parler lui fait du bien. Je lui souhaite la concrétisation de son meilleur chemin de vie et l’invite à procéder par étape pour vérifier sa vocation.

Une autre rencontre marque ma journée. Juste avant les vêpres, deux pèlerines se joignent à la communauté. Suzanne, autrichienne et Marguerite, allemande partagent le Camino depuis quelques temps. Arrivées tôt dans l’après midi à Cea, elles ont fait appel à la policia touristica pour téléphoner au monastère d’Oseira afin de s’assurer un abri pour la nuit. Elles ont poursuivi leur chemin jusqu’ici. En arrivant, les moines leur ont bien expliqué qu’ils ne sont pas une albergue et les ont conduites dans un grand hall froid et ouvert aux courants d’air pour qu’elles installent leur bivouac.
Ceci fait, elles ont assisté avec recueillement aux vêpres chantées. Le père José Louis leur a ensuite offert un délicieux repas ainsi qu’une chambre confortable, elles n’en revenaient pas.


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