10 ème Etape : San Pedro de Rozado-Salamanca 24 Km
J’ai dormi tard ce matin.
Le petit déjeuner est consistant, trop consistant, mon estomac refuse de le digérer.
La marche n’est pas une activité agréable quand la tripaille se rebelle.
Mais une fois encore mes compagnons sont compréhensifs et le rythme s’adapte à mon pas.
Pour la première fois, notre guide exceptionnel, Bob, qui ne doit pas être réveillé, nous oriente sur 500 mètres hors du chemin. Le détour n’est pas bien grand !
Nous traversons Morille ou une albergue neuve, mais fermée nous nargue.
Le Camino est superbe, c’est un long fil, un ruban qui se déroule à perte de vue.
Nous décidons de rallier Castellanos de Rozados, un village situé à l’Est du Camino, pour prendre un taxi. Il nous reste 8 kilomètres et mes amis doivent récupérer un colis qui les attend à la poste de Salamanque. J’avoue que cela me soulage, j’avais de grandes difficultés à convaincre mon organisme à avancer en pleine chaleur.
La tenancière du bar nous offre des friandises pour accompagner notre « café con léché » et téléphone avec diligence à la compagnie de taxi pour qu’il nous récupère.
Cette aide, souvent présente, pour les pèlerins est réconfortante.
Salamanque est inondée de soleil, cette ville est un ravissement pour les yeux.
Nous avons débarqué de notre taxi à temps pour récupérer le paquet.
Leur système est ingénieux.
Ils envoient au devant d’eux une partie de leurs sacs.
La gestion du poids à porter dans le sac à dos est facilitée et la collecte aussi car à présent c’est à Santiago que l’excédent de poids va les attendre.
L’office de tourisme, situé sur la Plaza Mayor, nous indique des possibilités pour se loger.
Nous fixons un rendez-vous pour demain matin avant de nous séparer.
Je prospecte les pensions environnantes, mais le vendredi les Espagnols aiment venir passer le week-end à Salamanque et les pensions sont pleines. Dans la première pension que je choisis une opportunité se présente. Une chambre est disponible mais avec un lit « matrimonio » (lit deux places). J’aime beaucoup mon amie Evonne qui arrive ce soir, mais de là à partager le même lit !
La suite de mes recherches sera infructueuse, aucune chambre n’étant disponible.
Je retourne dans la première pension pour visiter la chambre. Elle est attenante à une petite terrasse privative dont la vue est superbe et je suis à deux pas de la Plaza Mayor.
J’accepte ce qui m’est proposé.
Finalement, la terrasse sera une bénédiction.
Je passe une grande partie de l’après midi à contempler la ville d’en haut.
J’ai repéré le supermarché et c’est avec délectation que je m’offre du lait d’hortchata (c’est une racine d’origine égyptienne dont on extrait le jus pour produire un délicieux breuvage. En tout cas c’est mon opinion).
Je reçois un SMS d’Evonne qui est dans le train ! Nous avions fait connaissance lors de mon premier Camino. Nous avions échangé quelques mots en anglais à la table du petit déjeuner à Saint Palais. Puis le jour suivant une discussion enrichissante nous avait réunies à Ostabat. Naturellement nous avons cheminé deux jours ensembles jusqu’à Roncevaux terme de son pèlerinage.
Un ange sur mon chemin !
Mon moral était très bas avant d’arriver en Espagne et son soutien m’avait permit de franchir les Pyrénées avec aisance.
Une amitié solide était née. Je l’attends avec impatience.
Je découvre un cyber café sur la Plaza Major. Je trouve des mails qui me réchauffent le cœur. Mes amis m’expédient des messages d’encouragement et de soutien. Le monde est facilement accessible : un clavier, un écran, une connexion internet. Recevoir des témoignages d’affection et d’encouragement c’est une aide inestimable. Merci mes amis !
Puis, je m’installe à l’ombre des arcades devant l’office de tourisme. Persuadée qu’Evonne n’aura aucune difficulté à me trouver. Je lui ai envoyé un SMS pour fixer notre point de rencontre.
La bière est fraîche, le brouhaha autour de moi se transforme petit à petit en conversations que je suis à même de saisir. La langue de Cervantès est de moins en moins hermétique.
Sur la place, la fête du livre bat son plein. L’ambiance est joyeuse, la foule bigarrée déambule dans le labyrinthe des bouquinistes.
Un spectacle pour enfants déchaîne les rires. Don Quichotte et Sancho Pansa version moderne.
Une petite troupe théâtrale amuse toutes les générations. La littérature espagnole regorge de trésors. Cette année est consacrée à rendre hommage à Cervantès.
Pendant que je savoure ce bain linguistique, Evonne me cherche devant l’office de tourisme. La foule nombreuse me masque à sa vue et grâce à un SMS elle m’apprend qu’elle est déjà dans la pension. Depuis la terrasse, elle contemple Salamanque.
Nos visages s’illuminent d’un même bonheur, nos retrouvailles sont empruntes de tellement d’émotion. La soirée s’écoule tranquillement sur notre terrasse. L’harmonie du moment est palpable. L’atmosphère joyeuse de la ville monte jusqu’à nous.
Les spécialités achetées dans le supermarché du coin sont délicieuses. Nous partageons notre chambre, Evonne sur le carré mat par terre, moi confortablement installée dans le lit deux places.
La nuit n’est pas chaude.
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